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«Réaliser une présentation captivante est un exercice accessible!»

Si l'on souhaite captiver son public pour qu'il retienne mieux ses propos, la maîtrise de la communication non-verbale est incontournable, explique Philippe Gregoir, coach et spécialiste en communication.

Prendre la parole en public ne va a priori pas de soi pour tout le monde: sommes-nous tous en mesure de captiver notre audience lors de nos présentations?

Il serait faux de nier que certaines personnes ont, du fait de leur tempérament et de leur personnalité, plus de facilité que d'autres à parler en public. Mais c'est quelque chose qui s'apprend et mon expérience me montre que chacun peut, au prix d'un travail plus ou moins intensif, être en mesure de réaliser une présentation captivante.

Vous animez régulièrement des ateliers de prise de parole en public, dans lesquels vous insistez sur l'importance de la communication non-verbale: en quoi consiste-t-elle?

De manière générale, on a souvent tendance à se focaliser sur ce que l'on dit, c'est-à-dire la communication verbale. Or, si l'on souhaite captiver son public pour qu'il retienne mieux les propos, la maîtrise de la communication non-verbale est incontournable. Celle que nous travaillons en atelier comporte trois composantes majeures: le langage corporel qui donne du corps au message, le langage émotionnel qui donne de la vie à son contenu et, enfin, la mise en récit, c'est-à-dire réussir à raconter une histoire à travers son discours, ce qui permet à son public d’être touché. Lorsque l'on maîtrise ces paramètres, on peut communiquer avec aisance en toute confiance et même avec plaisir!

Quels sont les obstacles principaux que vous rencontrez dans le cadre de votre travail de coach?

Bien que mes ateliers se fondent essentiellement sur des éléments liés à la transmission d’un message, les prises de parole impliquent aussi d'associer des émotions au discours. Nous nous limitons cependant au seul aspect physiologique consistant à exprimer telle ou telle émotion Or, nous sommes culturellement souvent davantage amenés à refouler nos émotions qu'à les accueillir: les injonctions du type «sois courageux-se» ou «les hommes, ça pleure pas», etc. que nous entendons depuis notre plus jeune âge sont souvent bien ancrées. Aussi, certaines personnes rencontrent des difficultés à exprimer des émotions dans leurs prises de parole.

Je rencontre aussi parfois des résistances au niveau de la mise en récit. Raconter une histoire à travers sa présentation implique d'oser faire un pas qui n'est pas toujours évident pour tout le monde, à plus forte raison lorsque l'on se trouve devant une caméra.

Dans mes formations, j'insiste sur la bienveillance mutuelle et sur l'importance de ne pas se juger les uns les autres. Ceci est fondamental pour que l'on puisse se sentir en sécurité: au fil de la formation, les craintes et appréhensions s'atténuent souvent assez rapidement.

Pour beaucoup d'entre nous les séances se passent actuellement par visioconférence en raison du contexte sanitaire: quelles sont les conséquences au niveau de la prise de parole?

Il y en a plusieurs. En visioconférence ou en webinaire, on voit l'orateur-trice de très près, ce qui engendre une proximité de fait qui ne correspond pas à celle d'une conférence en présentiel. Par ailleurs la qualité du son souvent altérée amène le public à se focaliser davantage sur ce qu'il voit. La capacité d'écoute s'en trouve donc doublement diminuée. Enfin, les auditeurs-trices ne voient que le visage du conférencier ou de la conférencière qui se trouve ainsi privée d'une partie de ses outils: impossible par exemple d’utiliser ses mains ou de jouer avec l'espace en se déplaçant. Il faut donc s'adapter.

Il est notamment conseillé d'éloigner la caméra afin de pouvoir communiquer aussi avec le tronc et les mains, même si l'amplitude demeure réduite par rapport à une conférence en présentiel. Il est également important de garder le contact visuel en permanence avec son public: pour que les gens aient l'impression qu'on les regarde, il faut fixer la caméra de son ordinateur et éviter de balayer l'écran du regard pour chercher le contact des personnes que l'on voit à l'écran – ce que nous avons tendance à faire intuitivement.

«En visioconférence ou en webinaire, on voit l'orateur-trice de très près. Par ailleurs la qualité du son souvent altérée amène le public à se focaliser davantage sur ce qu'il voit. La capacité d'écoute s'en trouve donc doublement diminuée.»
Philippe Gregoir

Nous avons toutes et tous des caractéristiques qui nous distinguent tels que notre taille, notre corpulence, notre voix ou notre accent: faut-il s'efforcer de les atténuer lorsque c'est possible?

Non. On doit rester qui l'on est pour que la présentation soit naturelle. Les outils à acquérir sont identiques pour tout le monde, mais leur utilisation varie d'une personne à une autre. En ce sens, il est préférable de savoir jouer de ses particularités: une personne corpulente aura par exemple avantage à réduire l'amplitude de ses gestes, alors qu'une personne petite gagnera au contraire à les amplifier un peu.

Votre parcours professionnel vous a amené à travailler de nombreuses années dans le domaine des assurances: considérez-vous que cette expérience nourrit votre activité actuelle?

Tout à fait. Lorsque l'on présente un produit d'assurance à une personne, on est dans la mise en récit: on raconte une histoire dans laquelle elle puisse se projeter pour faire un choix correspondant à sa situation. Il faut donc être à l'écoute et comprendre les besoins des client-e-s afin de leur proposer des solutions sur mesure et les accompagner dans leur décision d’achat. J'y ai donc beaucoup développé ma capacité d'écoute. Par ailleurs, mon expérience de la gestion d'équipe m'a permis de développer des savoir-faire pour motiver les gens et les aider à trouver satisfaction dans leur activité professionnelle. Il y a à mon sens de nombreuses similitudes avec mon activité actuelle qui consiste à comprendre les besoins des personnes faisant appel à mes services afin de les accompagner et de les soutenir.

Conseil

Les 5 clés d'une présentation réussie

  • Être très au clair sur le contenu de sa présentation afin que le débit puisse se faire naturellement et librement.
  • Extraire les éléments clé de sa présentation et en présenter clairement les différentes parties lors de l'introduction afin de ne pas perdre son public.
  • Laisser place à l'humour lorsque c'est possible: cela détend l'atmosphère et créé un lien privilégié avec le public.
  • Mettre son discours en récit, raconter une histoire afin que le public puisse y adhérer et se projeter.
  • Soigner le support visuel en préférant les illustrations aux textes et bullet points pour que le public reste concentré sur l’orateur ou l'oratrice.

Portrait

Après une formation initiale en sciences économiques et sociales, Philippe Gregoir a forgé ses compétences dans les domaines de la vente, de la communication, du management et du coaching grâce à de nombreuses formations entreprises en cours d’activité. En qualité de coach certifié, il aide les personnes, employeurs et employé-e-s, confronté-e-s à des difficultés professionnelles à (re)trouver sens et motivation dans leur activité professionnelle. Spécialisé dans le domaine de la communication non-verbale, il anime régulièrement des ateliers de prise de parole en public, « Communiquer avec BRIO ».

accorhom.ch/

Informations complémentaires

Auteur

  • Dominique Nussbaum

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