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Lorsque le courage et la persévérance sont récompensés

Arrivée du Portugal à l'âge adulte, Paula Neto a travaillé durant de nombreuses années comme femme de ménage. Aujourd'hui, elle gère une équipe de 20 personnes chez Lidl à Neuchâtel.

Respect des distances sociales oblige, nous renonçons à la coutumière poignée de main. Mais dans un contexte sanitaire différent, il y a fort à parier que celle-ci aurait été des plus énergiques! Paula Neto est gérante de la filiale Lidl à Neuchâtel. Elle veille ainsi à ce que tout fonctionne correctement dans le magasin et intervient auprès de son équipe lorsque c'est nécessaire. «Il peut s'agir de signaler un problème de manière bienveillante, ou de donner des conseils, par exemple pour se protéger le dos lorsqu'il y a des tâches physiques à effectuer», explique la gérante.

Paula Neto rencontre chaque jour l'équipe du matin et celle de l'après-midi. «J'ai besoin de sentir que les gens se sentent bien. Je fais le maximum pour que tout le monde soit motivé et au clair avec les objectifs. Toute seule je ne peux rien faire, il faut qu'on tire tous à la même corde», confie-t-elle. Parmi les qualités essentielles nécessaires à son activité professionnelle, Paula Neto insiste sur l'impartialité, notamment en cas de conflit: «Nous avons toutes et tous des affinités avec certaines personnes, moins avec d'autres. Mais dans mon métier, il est essentiel de rester neutre», explique la gérante, qui confie avec le sourire n'avoir à ce jour pas dû faire face à des réclamations.

Le contexte du coronavirus

Comme la plupart des personnes actives dans le commerce de détail, Paula Neto se souviendra longtemps du contexte particulier lié à la crise. Du jour au lendemain, il faut s'adapter à une situation complètement nouvelle et répondre à des questions qu'on ne s'était jamais posées: comment rassurer les clients qui craignaient de manquer de tout au début du confinement? Comment les inciter à se désinfecter les mains? Comment gérer le flux de personnes dans le magasin? «Tout était nouveau et cela n'a pas toujours été facile, mais j'ai eu la chance de pouvoir compter sur une équipe solide et sur des consignes claires de la part de ma hiérarchie», poursuit Paula Neto.

Quitter le pays, une décision difficile

Il y a quinze ans encore, Paula Neto vivait au Portugal avec ses deux enfants. «A l'époque, je travaillais dans une usine de bougies. J'ai été engagée pour nettoyer les cuves de paraffine mais, au fil temps, j'ai pu travailler dans la fabrication des couleurs. A la fin, je travaillais au laboratoire, ça me plaisait bien», se souvient-elle. Mais les bas salaires d'un Portugal en crise conduisent Paula Neto et son mari à émigrer en Suisse pour assurer un meilleur avenir à leurs enfants. «Pendant deux ans, nous avons travaillé comme saisonniers par tranches de quatre mois dans un hôtel à la montagne où nous étions en charge du ménage. Durant ces périodes, nous avons dû confier nos enfants à mes parents. C'était très dur», confie Paula Neto.

Le couple finit par s'établir en plaine. Paula Neto trouve alors un emploi fixe dans un hôtel, où elle effectue des ménages alors que son mari devient chauffeur de poids lourds. Leurs filles peuvent ainsi émigrer à leur tour et la petite famille se retrouve enfin au complet. Un troisième enfant naît sur le sol helvétique.

«J’ai besoin de sentir que les gens se sentent bien. Je fais le maximum
pour que tout le monde soit motivé et au clair avec les objectifs.»
Paula Neto

Désir d'évolution professionnelle

Après quelques années, Paula Neto ressent le besoin de trouver un emploi dans lequel elle puisse s'épanouir. Sentant que son manque de connaissances en français constitue un handicap, elle s'inscrit à des cours de français et s'efforce de lire le journal et de regarder la télévision en français. Une amie qui travaille chez Lidl à Yverdon lui suggère de postuler chez le détaillant. «Mon niveau de français n'était pas encore bon et j'appréhendais de devoir renseigner la clientèle», se souvient Paula Neto. Elle décide néanmoins de se présenter. La responsable qui la reçoit lui propose alors de l'engager dans un premier temps comme femme de ménage. Parallèlement à son travail, elle continue de suivre des cours de français. Rapidement, elle effectue des stages et des remplacements lorsqu'il manque quelqu'un dans un rayon. Et Plus tard on lui demande de faire le pain: «Au bout de six mois, je connaissais toutes les tâches qu'il y avait à faire dans le magasin», se remémore Paula Neto.

Engagement dans le commerce de détail

Tout s'enchaîne rapidement. Après une année, elle est engagée dans le domaine de la vente. Elle travaille dans le domaine Non food où elle est en charge de la mise en place de la présentation d'articles liés aux thèmes hebdomadaires. «J'ai beaucoup aimé cela parce que les actions changeaient chaque semaine, c'était donc varié», explique Paula Neto. Ses prestations sont appréciées et, lorsque l'occasion se présente, on lui propose un poste d'assistante. Le travail implique notamment de managera l'équipe en l'absence du gérant et requiert la réussite de tests. Pari réussi: «Je me suis donnée à fond pour montrer que j'étais capable et tout a bien fonctionné!» Deux ans plus tard, elle effectue les tests pour devenir première assistante, véritable bras droit du gérant de filiale. Elle occupe le poste de première assistante durant quatre années, au cours desquelles elle suit de manière continue des formations de gestion financière et de gestion d'équipe, parallèlement à des cours de français.

Une opportunité inattendue se dessine alors lorsque Lidl cherche urgemment une personne pour assumer la gérance de la filiale de Neuchâtel. «C'était un gros défi: j'ai dû assumer le rôle de gérante tout en suivant à côté la formation et l'examen de gérante, mais j'ai été épaulée par mon responsable régional ainsi que par les gérantes d'autres magasins, je n'étais pas seule», poursuit Paula Neto.

Son examen réussi et après plus de deux ans de mandat à la filiale de Neuchâtel, Paula Neto exprime toute sa reconnaissance à l'égard de son employeur qui lui a offert les opportunités qui lui ont permis de gravir les échelons jusqu'à son poste actuel: «En retour, j'ai envie de faire mon maximum pour que les membres de mon équipe puissent avoir eux aussi de bonnes perspectives. Pour moi c'est une grande motivation», conclut Paula Neto.

«J'ai envie de faire mon maximum pour que les membres de mon équipe puissent avoir eux aussi de bonnes perspectives. Pour moi c'est une grande motivation.»
Paula Neto

Auteur

  • Dominique Nussbaum

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