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«Le mot-clé dans le management, c’est la confiance»

Directrice de l'Association romande des employés de commerce depuis mai dernier, Caroline Plachta revient sur son entrée en fonction en pleine crise du coronavirus et explique ses objectifs pour l'association en Suisse romande.

Context: Quels sont les éléments qui vous ont conduite à reprendre la direction de l'Association romande des employés de commerce?

Caroline Plachta: Je me suis tout de suite identifiée aux valeurs et aux missions de la Société des employés de commerce parce qu'elles sont centrées sur l'humain: miser sur l'employabilité, la formation continue et le potentiel des personnes actives dans le domaine commercial, cela me parle et me motive. Je considère que l'on est bon quand on y croit, c'est-à-dire lorsqu'on adhère aux valeurs portées par l'institution pour laquelle on travaille.

Par ailleurs, la flexibilité du travail ainsi que l'équilibre entre la réussite professionnelle et la vie familiale sont d’une grande importance pour moi: la Société des employés de commerce me permet d’exercer une fonction dirigeante tout en m’investissant dans mon rôle de mère d'un petit garçon de 8 ans.

Enfin, j'aime apprendre en continu et me confronter à des choses et des environnements que je ne connais pas encore: pour moi, c'est comme cela qu'on se renforce et s'exerce pour une vie professionnelle épanouie! «On se lasse de tout, sauf d’apprendre», disait Virgile. En forme de clin d’œil, j’ai redécouvert cette belle citation, si vraie et inspirante, qui se trouve être à l’origine du nom de notre centre formation en Suisse romande, Virgile Formation.

Vous êtes entrée en fonction en pleine crise du coronavirus: cela a dû être un peu particulier, non?

La situation m'a un peu inquiétée au départ, mais au final cela s'est avéré plus cocasse que problématique: j'ai pris mes fonctions à distance et, dans l'ensemble, tout s'est très bien passé. Par contre, je n'ai réellement eu l'impression de connaître les gens qu'à partir du moment où je les ai rencontrés en personne. L'informel et le non-verbal manquent beaucoup lorsqu'on doit se présenter à ses nouveaux collègues par visioconférence. Par ailleurs, celle-ci s’avère un excellent outil de travail, mais je pense qu'on en exploite les meilleures facettes surtout lorsqu'on a déjà rencontré ses interlocuteurs. Lors d’un premier contact, il y a un espace de découverte de l’autre à travers une foule de signes de communication qui ne peuvent pas traverser un écran.

Quelle impression avez-vous de notre association après ces quelques mois de service?

Très bonne. J'ai eu beaucoup de plaisir durant ces quelques mois en dépit du contexte particulier. J'ai rencontré des personnes intéressantes, accueillantes et chaleureuses. Mais il m'en reste au moins tout autant à rencontrer au sein des sections, de la faîtière, des institutions de formation, entreprises de pratique commerciale, sans oublier les divers partenaires d'institutions publiques et privées qui font partie de «l’écosystème» de la Société des employés de commerce en Suisse romande. Je considère que notre association est pleine de potentiel et je me réjouis de contribuer à le valoriser en Suisse romande.

Dans quelle direction souhaitez-vous faire évoluer la Société des employés de commerce en Suisse romande ?

J’ai plusieurs missions, qui doivent se compléter et se porter l’une l’autre. La première consiste à unir les forces administratives de nos six sections romandes et à créer des synergies, tout en gardant nos forces locales. Une deuxième mission importante est de veiller au bon positionnement de la Société des employés de commerce en Suisse romande et de saisir les opportunités qui lui permettront de se développer encore davantage. Ceci notamment en amenant de nouvelles lignes à notre carnet de prestations déjà riche. Enfin, un troisième axe et non des moindres est de fidéliser nos membres et de continuer d'en acquérir de nouveaux: plus nous sommes forts, plus nous avons de poids pour représenter les intérêts des employé-e-s et plus nous disposons de moyens pour continuer de développer des prestations utiles à l’évolution de leur carrière.

«J'aime apprendre en continu et me confronter à des choses et des environnements que je ne connais pas encore: pour moi, c'est comme cela qu'on se renforce et s'exerce pour une vie professionnelle épanouie!»
Caroline Plachta

Qu'est-ce qui fait selon vous la force de la région romande et où voyez-vous les principaux défis à relever?

La Société des employés de commerce dispose de nombreux atouts. Son histoire lui confère d'abord une grande légitimité envers les métiers qu'elle représente, également au niveau politique. Notre association bénéficie aussi d’un ancrage local extrêmement précieux: nous devons nous fédérer, tout en nous appuyant sur notre réseau existant dans les différents cantons romands.

L’un des principaux défis en Suisse romande est de développer notre visibilité et notre communication, de sorte à renforcer notre image et à enrichir nos liens avec nos membres. L’affiliation à notre association doit renforcer le sentiment d'appartenance à une communauté professionnelle et à une identité collective: on adhère à la Société des employés de commerce parce qu'on s'y reconnaît et parce qu'on sait ce qu'elle nous apprend et qu'elle nous apporte quelque chose.

Un autre défi que me tient à cœur est de contribuer à inscrire les métiers du commerce dans le futur en tenant compte de la transformation du monde, de la société et des modes de consommation. Cette mutation s’est accélérée avec la crise virale, qui induit une réinterprétation du monde du travail, que ce soit du point de vue de l’employé ou de l’employeur. La Société des employés de commerce accompagne ces changements: pour éviter de «subir» la révolution digitale, il faut idéalement non seulement la préparer mais aussi la porter.

Qu'est-ce qui vous semble le plus important dans la conduite de collaborateurs-trices?

Je n'ai pas de liste ou de manuel du parfait manager à proposer! D’ailleurs, je trouve que le mot «conduite» - du moins en français -, correspond à une ancienne vision du management basé sur l’autorité, la contrainte et la surveillance à laquelle je n’adhère pas.

Je considère que dans la société actuelle, le mot clé pour un-e manager, c'est la confiance, qui doit être verticale et transversale. Pour moi, la confiance réciproque est la base d'une équipe qui fonctionne. La confiance passe par l’écoute, l’ouverture et la capacité de part et d’autre de se remettre en question et d’accueillir de nouveaux points de vue.

Enfin, le rôle d’un-e dirigeant-e est aussi de donner des impulsions, d’accompagner les actions et d’être constamment prêt à prendre des décisions lorsque c’est nécessaire. Cela implique de créer une intelligence collective et de fédérer les différentes forces en présence autour d'objectifs communs, afin que les collaborateurs-trices soient parties prenantes des actions de la Société des employés de commerce.

En tant que directrice de l'Association romande des employés de commerce, vous siégez à la direction opérationnelle à Zurich, quelles sont vos premières impressions?

Le contact avec mes collègues alémaniques est riche d’enseignements pour moi, à tous les niveaux. La diversité linguistique est l'une des richesses de notre pays. A ce titre, la Société des employés de commerce veille à ce que ses membres disposent de documents soignés dans les différentes langues: pour moi c'est quelque chose d'essentiel.

Au-delà de la langue, ce sont aussi plusieurs cultures qui coexistent. Dès lors, dans certains domaines, tout ne peut pas être toujours transposé sans nuance d'une région à l'autre: notre challenge, c'est de comprendre pourquoi quelque chose qui fonctionne d'un côté de la Sarine ne fonctionne pas forcément de l'autre. Dans un pays comme le nôtre, marqué par le fédéralisme et les spécificités régionales, nous sommes naturellement à l’écoute de nos membres et de leurs besoins, dans une relation de proximité.

Vous êtes journaliste de formation: est-ce que vous avez le temps de continuer à écrire?

Oui, j’écris accessoirement, mais mes activités annexes sont surtout centrées sur le conseil aux entreprises. Comme je suis engagée à 80%, je dispose d’un petit pourcentage pour réaliser quelques mandats en tant qu’indépendante, dans le conseil RH/communication, comprenant de prestations rédactionnelles basées sur la technique du storytelling. En gardant toujours l’humain comme boussole, je m’appuie sur le terreau fertile de la culture d’entreprise et de l’employer branding: je propose aux PME de renforcer leur attractivité dans le domaine du recrutement en mettant en valeur leur image d’employeur. Le principe étant qu’un bon employeur a intérêt à le faire savoir. Pour moi, la multiplicité des casquettes est une source d’énergie et de motivation. C’est dans l’air du temps; quand c’est possible, exercer une petite activité indépendante à côté d'un poste fixe à temps partiel peut créer un espace et une dynamique propice à décupler sa créativité.

«Dans la société actuelle, le mot clé pour un-e manager, c'est la confiance, qui doit être verticale et transversale. Pour moi, la confiance réciproque est la base d'une équipe qui fonctionne.»
Caroline Plachta

Portrait

Caroline Plachta est directrice de l'Association romande des employés de commerce. Précédemment directrice des relations publiques auprès de la faîtière des réseaux de communication Suissedigital, Caroline Plachta apporte une expérience à facettes multiples, ayant occupé des fonctions de cadre dans le secteur bancaire (auprès de la BCN et de la BCV) et dans l’industrie (Nexans), après avoir fait ses premières armes comme journaliste (Arcinfo). Titulaire d’un master en lettres et sciences humaines, elle s’est spécialisée dans les relations publiques, la communication d’entreprise et le marketing digital. Elle travaille aussi en tant qu'indépendante et a créé le site intuitive-culture.ch.

Auteur

  • Dominique Nussbaum

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