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Là où le vent nous mène

L'apprentissage tout au long de la vie implique de se maintenir en éveil, d’être à l’écoute de ses intérêts, de décider d'une voie et de la suivre. Cinq trentenaires ont osé faire le pas.

Après trois ans passés ensemble dans la même classe, 22 élèves de la Wirtschafts- und Kaderschule KV Bern ont terminé leur formation commerciale de base assortie d’une maturité professionnelle. Nous avons retrouvé ces personnes 16 ans plus tard: leurs histoires sont des plus contrastées. Nous vous proposons ici les récits de cinq d’entre elles.Ces personnes ont en commun d'avoir identifié ce qui était important pour elles, ce qu'elles aimaient faire et de s'être formées en continu. Aujourd’hui, elles exercent des métiers variés: styliste de mode, spécialiste en finance et psychologue pour chats, enseignant primaire, fromager et propriétaire de magasin et enfin, cheffe des prestations consulaires.

A l'aise dans deux univers

Manuela Schüpbach, 34 ans, spécialiste en finance et comportementaliste du chat

«A l'école, la comptabilité n'a jamais été ma discipline de prédilection. Au terme de mon apprentissage, je me suis retrouvée un peu par hasard à travailler comme assistante administrative dans le domaine de la comptabilité et de la gestion du personnel au sein de plusieurs entreprises. Et c’est dans mon travail quotidien que j'ai découvert ma passion pour le monde de la finance. J'ai été particulièrement éprouvée par une faillite que j’ai vécue de près. A 23 ans, je gérais seule le secrétariat d'une imprimerie et j'étais responsable de payer les factures et les salaires dans les délais. Les liquidités diminuaient et la fin était inéluctable. Aujourd'hui, plus rien ne me ferait perdre mon calme de la sorte.»

Après cette expérience marquante, je me suis formée en cours d'emploi pour devenir spécialiste en finance et en comptabilité. Depuis 2014, je travaille comme spécialiste des finances à l'Administration fédérale des douanes. J'aime travailler de manière autonome et assumer de grandes responsabilités.

Mais mon cœur ne bat pas que pour la finance: Après avoir étudié par correspondance la psychologie animale destinée aux chats et la thérapie aux fleurs de Bach pour les humains et les animaux, j'ai créé ma propre entreprise, que j’ai appelée Katzenwelt. En tant que psychologue pour chats, je cherche à résoudre les problèmes de cohabitation entre humains et chats tout en gérant une boutique en ligne. Ma charge de travail hebdomadaire dépend des demandes et des commandes, mais elle est facilement conciliable avec mon travail salarié.

Bien qu'exigeant, cet équilibre me fait du bien. Aussi, je n'aspire pas à une formation continue conséquente pour le moment. J'aimerais seulement améliorer mon français et mon italien afin de pouvoir échanger des informations techniques avec mes collègues de Suisse romande et du Tessin».

«A l'école, la comptabilité n'a jamais été ma discipline de prédilection. Dans mon travail quotidien que j'ai découvert ma passion pour le monde de la finance.»
Manuela Schüpbach, 34 ans, spécialiste en finance et comportementaliste du chat

Le cœur de Manuela Schüpbachs bat pour la finance, mais aussi pour les chats.

Apprendre et enseigner: un investissement pour le futur

Matthias Egger, 35 ans, enseignant primaire

«Je suis enseignant primaire depuis douze ans. Et il se pourrait bien que j’exerce ce métier jusqu’à la retraite. J'aime l'honnêteté et la franchise des enfants. Je ne m'ennuie jamais dans mon travail quotidien et je suis toujours stimulé. Chaque classe a une dynamique qui lui est propre. C'est gratifiant de pouvoir transmettre quelque chose aux enfants. Après tout, ils représentent notre avenir.

Durant mon premier emploi après l’ apprentissage, j'ai remarqué que quelque chose me manquait dans mon travail de bureau. J'ai toujours eu un bon contact avec les jeunes et je donnais régulièrement des cours de soutien aux enfants du quartier. C'est ce qui m'a décidé à poursuivre mes études et devenir enseignant primaire. Les retours que j'ai eus lors de mon premier stage ont été très positifs et m'ont conforté dans ma décision.

Après mes études, j'ai exercé le métier d'enseignant pendant six ans. J'ai ensuite pris la direction de l'école à horaire continu et dirigé dans ce cadre douze employé-e-s et 80 enfants. J'ai suivi une formation complémentaire en cours d'emploi qui m'a aidé pour cette fonction.

Aujourd'hui, je travaille à 65% comme enseignant dans plusieurs établissements scolaires. Titulaire d'un CAS de praticien formateur, je transmets également mes connaissances à de nouveaux enseignant-e-s. Et le reste du temps, je le consacre à mes deux enfants.

Actuellement, c’est à la famille que j’accorde la priorité, même si j’ai également à cœur de me former professionnellement en continu. Rien n’est en soi mauvais ou démodé. Je referais ma formation commerciale sans hésiter. Cela m’a aidé à travailler de manière structurée. Et ce n’est pas le fruit du hasard, si je suis aujourd’hui si bien organisé et que je maîtrise sans problème les programmes Office.»

«Je referais ma formation commerciale sans hésiter. Cela m’a aidé à travailler de manière structurée. Et ce n’est pas le fruit du hasard, si je suis sois aujourd’hui si bien organisé et que je maîtrise sans problème les programmes Office.»
Matthias Egger, enseignant primaire

La mode japonaise plutôt que la blouse blanche

Carla Lehmann, 34 ans, styliste de mode

«Après ma formation à l'Hôpital de l'Île, le métier de diététicienne m'intéressait. Mais le stage préliminaire ne m'a pas convenu et j'ai continué à travailler comme employée de commerce. Pendant mon temps libre, je dessinais souvent et je cousais mes propres vêtements. Travailler un jour comme styliste de mode me semblait irréaliste. Mais l'idée me trottait dans la tête.

Il m'a fallu trois ans pour oser faire le premier pas: je me suis présentée à l'examen d'entrée au cours préparatoire aux études dispensées par l’école de textile. Et j'ai été admise. La joie était grande, mais les débuts difficiles: j'ai d'abord dû apprendre à me consacrer pleinement à un processus dont je ne connaissais pas l'issue. J'ai mis six mois à accepter cela et, finalement, à aimer ce processus créatif.

J'ai donc suivi le cursus de Fashion Assistant à l'école de textile. Cela m'a permis de décrocher un emploi auprès de la marque de mode suisse Nile. Il ne m'a pas fallu longtemps pour pouvoir concevoir moi-même des vêtements. Quatre ans plus tard, j'ai suivi une formation continue en cours d'emploi menant au diplôme fédéral de Fashion Designer.

Aujourd'hui, je travaille trois jours par semaine en tant que designer de mode salariée. Parallèlement, je gère mon propre label de mode SODE. Je m'occupe également de l'organisation et de la paperasse. Bien que cela ne soit pas ce que je préfère, ma formation commerciale me facilite grandement la tâche.

Avec le recul, je me rends compte que j'ai toujours eu confiance en ma capacité à trouver ma voie. Mais il faut aussi du courage pour oser franchir les pas nécessaires au changement.»

Carla Lehmann a eu le courage de franchir le pas: aujourd'hui, elle a son propre label de mode.

«Je gère mon propre label de mode SODE. Je m'occupe également de l'organisation et de la paperasse. Bien que cela ne soit pas ce que je préfère, ma formation commerciale me facilite grandement la tâche.»
Carla Lehmann, styliste de mode

Carla Lehmann a eu le courage de faire franchir le pas : aujourd'hui, elle a son propre label de mode.

Engagé corps et âme

Patrick Bärfuss, 36 ans, fromager et propriétaire de magasin

«Avec mon frère, je gère depuis 2014 le magasin «zur Chäshütte» à Berne. Du mardi au samedi, je suis derrière le comptoir à fromage et je sers les client-e-s. Ou je m'occupe de la maturation optimale des meules dans la cave de grès. Le contact avec les gens et le fait de faire quelque chose à la fois d'honnête et de terre à terre comptent désormais plus pour moi qu'une brillante carrière et un salaire élevé.

Auparavant, j'ai occupé différents postes dans le domaine du marketing durant dix ans et me suis formé en cours d'emploi pour devenir spécialiste en marketing et chef de vente. J'ai fini par être Head of Sales Coordination dans un groupe chimique international où je dirigeais une équipe.

Alors que j'étais encore apprenti à l'Administration fédérale des contributions, je travaillais déjà comme vendeur d'olives et d'antipasti au marché de Berne. Plus tard, j'ai fondé ma propre petite entreprise avec des amis: nous vendons depuis lors des spécialités méditerranéennes. Ce travail au marché m'a fait prendre conscience de ce qui compte vraiment pour moi dans le travail.

La décision de reprendre la fromagerie a donc été facile pour moi. J'apprécie la diversité, les échanges avec les gens et la vente de produits de qualité. La liberté du travail indépendant aussi, même si les horaires d'ouverture du magasin me pèsent parfois.

C'est parce que j'ai eu la possibilité et aussi le courage de faire mes expériences que j'ai pu découvrir ce qui me convenait vraiment. Mais je n'ai jamais fini d'apprendre. Transmettre mon savoir en qualité de formateur d'adultes ou faire du fromage moi-même sur un alpage figurent parmi les expériences que je souhaite absolument tenter.»

«C'est parce que j'ai eu la possibilité et aussi le courage de faire mes expériences que j'ai pu découvrir ce qui me convenait vraiment.»
Patrick Bärfuss, fromager et propriétaire de magasin

Patrick Bärfuss apprécie la diversité, les échanges avec les gens et la vente de produits de qualité.

Les intérêts en guise de boussole

Sarah Kämpf, 36 ans, cheffe des prestations consulaires à La Havane

«Je me trouve en ce moment sur sol suisse. Pourtant je suis à Cuba. Je suis assise dans mon bureau de l'ambassade de Suisse à La Havane. En tant que cheffe des services consulaires, je m'occupe depuis trois ans des demandes des touristes suisses, des Suisses de l'étranger et des personnes en quête d'un visa.

Ce travail exigeant et varié me correspond bien. Dans des situations de crise comme un ouragan ou plus récemment le Covid-19, c'est très stimulant. En pareil cas, nous sommes accessibles 24 heures sur 24, offrons une protection consulaire, assurons les rapatriements et devons identifier les corps en cas de décès. Mais en général, il s'agit d'un job administratif tout à fait normal.

C'est en tant qu'auxiliaire d'été à l'ambassade des États-Unis à Berne que j'ai découvert mon engouement pour la diplomatie. J'y ai travaillé pendant six ans, au service des visas. Un jour, une ancienne collègue m'a parlé de sa formation continue de spécialiste consulaire. Quelques semaines plus tard, je déposais mon dossier. J’ai commencé à travailler à Shanghai dès 2014. Ma formation terminée, je suis partie pour Téhéran, en qualité de directrice opérationnelle adjointe des intérêts étrangers.

J'aime apprendre en faisant. C'est ce qui m'a fait opter pour la formation commerciale. Depuis, j'ai toujours suivi mes intérêts et exploré de nouvelles voies en continu: professeure d'allemand en Argentine, conseillère municipale, patente de restauratrice, études de journalisme et actuellement en thérapie comportementale pour chiens. Je rêve maintenant d'un master en administration publique. Et aussi d’avoir mon Bed and Breakfast quelque part au vert: ça me plairait vraiment.»

Première publication: 1.9.2020, mise à jour le 20.1.2022

«J'aime apprendre en faisant. C'est ce qui m'a fait opter pour la formation commerciale. Depuis, j'ai toujours suivi mes intérêts et exploré de nouvelles voies en continu.»
Sarah Kämpf, cheffe des prestations consulaires à La Havane

Autrice

  • Jrene Rolli

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