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Planification de carrière: rien ne sert de se précipiter

Aborder les questions de carrière prend du temps. Réflexion et approche stratégique contribuent à une recherche d'emploi réussie. Car postuler à un emploi, c'est tout un art, explique Caroline Schultheiss, de la Société des employés de commerce à Zurich.

Caroline Schultheiss est conseillère en orientation professionnelle et de carrière à la Société des employés de commerce à Zurich. Elle accompagne des personnes qui ont des questions sur leur carrière, mène des bilans d'orientation avec elles et les soutient dans leurs postulations. Il s'agit souvent de trouver des stratégies. Comment être efficace? A quoi faut-il faire particulièrement attention? Qu'est-ce qui risque de ne pas marcher? Les jeunes diplômé-e-s sont surtout inquiets-ètes en raison de leur manque d'expérience. «Nous leur posons les bonnes questions concernant leur carrière et les soutenons de manière concrète dans leurs processus de candidature», explique Caroline Schultheiss.

Il ne faut pas minimiser la pression qu'engendre la nécessité de trouver un emploi à l'issue de l'apprentissage. Le moment auquel il s'agit de faire ses postulations est d'ailleurs tout sauf idéal. Les jeunes sont en pleine procédure de qualification et n'ont que peu de temps à consacrer aux questions de carrière et aux postulations. «Celles et ceux qui peuvent continuer de travailler auprès de leur entreprise formatrice disposent d'un avantage», explique Caroline Schultheiss. L'entrée sur le marché de l'emploi est réglée et ils disposent du temps nécessaire pour réfléchir à la suite de leur carrière.

S'armer de patience

La conseillère constate aussi une certaine impatience de la part des jeunes qui, selon elle, ont tendance à tout vouloir à la fois sans se laisser le temps d'aborder leurs plans de carrière dans le calme. «Ils ont le sentiment qu'à 24 ans, ils doivent avoir terminé leurs formations continues et franchi les étapes professionnelles décisives», relève Caroline Schultheiss. «Cela ne correspond pas à la réalité et c'est tout simplement impossible. Surtout, cette attitude empêche les jeunes adultes de se poser les questions essentielles: qu'est-ce que je souhaite? Quels sont les éléments importants pour moi? Où est-ce que je me vois dans quelques années?» Par ailleurs, les jeunes se mettent souvent sous pression parce qu'ils se comparent avec leurs pairs qui savent peut-être déjà ce qu'ils veulent.

«Nous leur posons les bonnes questions concernant leur carrière et les soutenons de manière concrète dans leurs processus de candidature.»
Caroline Schultheiss

Aborder les questions de carrière prend du temps. Le choix d'une profession à l'issue la formation de base n'est pas une décision à prendre rapidement, il s'agit d'un processus. Il est rare de savoir «comme ça» ce dont on a envie. Dans la plupart des cas, cela se passe autrement. Après sa formation de base, on acquiert une certaine expérience au niveau professionnel et privé. On apprend à distinguer ce qui nous correspond de ce qui nous correspond moins, on identifie ses forces et ses faiblesses. On rencontre des personnes qui nous fascinent et des aspirations professionnelles apparaissent. Les représentations se concrétisent. On entend peut-être parler de formations continues dont on ignorait l'existence. «Autrefois, on parlait d'années d'apprentissage et de pérégrinations, on s'accordait plus de temps pour trouver ce qu'on cherchait, on s'autorisait à faire des détours», ajoute Caroline Schultheiss.

Aujourd'hui, la pression de l'efficience pèse sur les épaules de nombreux jeunes. Ils souhaitent réaliser leurs objectifs le plus vite possible mais n'ont pas conscience que le principe d'apprentissage tout au long de la vie contredit fondamentalement leur attitude. La conseillère s'étonne toujours de cette pression sur les jeunes diplômé-e-s. «Ils s'imaginent qu'à l'âge de 20 ans, ils leur faudra déjà être bien loin de là où ils se trouvent actuellement!»

Stratégie cohérente

Durant ses séances, la conseillère tente d'élaborer des stratégies de carrière et de recherche d'emploi avec ses client-e-s. En elles-mêmes, les stratégies ne sont jamais bonnes ou mauvaises: ce qui importe, c'est qu'elles correspondent aux personnes concernées. Certain-e-s postulent à toutes les places qui les attirent. D'autres avancent de manière plus ciblée en se concentrant sur une branche. Dans tous les cas, la qualité du dossier est très importante. «Envoyer de nombreuses postulations négligées pour postuler le plus possible, cela n'a aucun sens. Les postulations doivent correspondre au poste mis au concours. Les dossiers standards, les lettres de motivation générales et les CV périmés ne sont jamais synonymes de succès.» Caroline Schultheiss précise encore : «Les personnes en recherche d'emploi doivent convaincre leur futur employeur: leur lettre de motivation doit montrer en quoi leurs formations, leurs expériences et leurs compétences sont pertinentes pour l'emploi auquel elles postulent et mettre en évidence ce qui les attire. Les phrases standard n'ont pas leur place dans une postulation et les lieux communs du type, communicatif, déterminé et orienté vers la recherche de solutions ne signifient pas grand-chose.»

Faut-il commencer par suivre une formation continue et postuler ensuite au poste que l'on souhaite ou vaut-il mieux faire l'inverse? La question préoccupe de nombreux jeunes. Là non plus, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. De nombreux emplois requièrent une formation continue. Les chanceux-euses trouveront leur job de rêve avant et pourront se former en cours d'emploi. Cela dépend aussi des employeurs. Caroline Schultheiss observe chez certains jeunes un important besoin de sécurité. «Une certaine prise de risque s'avère souvent payante. Suivre une formation continue et voir ensuite quelles sont les possibilités qui s'offrent: lorsqu'on suit son chemin avec conviction et passion, on obtient souvent quelque chose en retour.»

«Autrefois, on parlait d'années d'apprentissage et de pérégrinations, on s'accordait plus de temps pour trouver ce qu'on cherchait, on s'autorisait à faire des détours.»
Caroline Schultheiss

Choisir sa formation continue consciencieusement

Il n'est cependant pas pertinent de suivre des cours de manière irréfléchie simplement pour se conformer à l'air du temps. L'enquête menée par la Société des employés de commerce auprès des jeunes diplômé-e-s met en évidence une grande disposition à se perfectionner. «Le choix d'une formation doit être réfléchi», met en garde Caroline Schultheiss. Mais ceci implique de connaître le système de formation ainsi que les possibilités de carrière. Quelles sont les formations dispensées par les écoles supérieures et quelles sont celles que dispensent les hautes écoles spécialisées? En quoi se distinguent-elles les unes des autres? Quelles sont les conditions d'admission? La maturité professionnelle est-elle vraiment requise pour ma prochaine étape de carrière ou est-ce qu'un examen professionnel supérieur conviendrait tout aussi bien? Quelle formation continue faut-il pour pouvoir changer de branche? «Je suis souvent étonnée du manque de connaissance du système de formation des jeunes qui me consultent», ajoute la conseillère. «Il vaut réellement la peine de consacrer du temps à la recherche des possibilités de formation continue. C'est quand on les connaît que s'ouvrent de nouvelles perspectives.»

Quelle importance accorder aux médias sociaux lors d'une recherche d'emploi ? Il faut bien entendu soigner son profil LinkedIn pour que celui-ci rende compte de la personne, de ses activités et de son réseau. Selon la branche, la fonction et la spécialité, l'importance des médias sociaux est variable : «Pour les jeunes, ils constituent rarement un critère décisif. Mais cela va beaucoup changer dans les prochaines années.»

Pour une recherche d'emploi efficace à long terme, la conseillère insiste également sur l'importance du réseau. Il est important de garder contact avec les personnes avec qui un lien de confiance a été créé. «Pourquoi ne pas demander conseil auprès d'un ancien formateur ou d'une ancienne cheffe de service? Une conversation permet d'avoir un regard extérieur et éventuellement de voir éclore de nouvelles idées», explique Caroline Schultheiss. Par ailleurs, le réseau s'étoffe avec les années et s'avère rentable à long terme: «Son importance est cruciale pour une carrière», conclut la spécialiste.

Publié le 11.03.2021

«Selon la branche, la fonction et la spécialité, l'importance des médias sociaux est variable: pour les jeunes, ils constituent rarement un critère décisif. Mais cela va beaucoup changer dans les prochaines années.»
Caroline Schultheiss

Auteur

  • Rolf Murbach

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