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Diplômé-e-s de la formation initiale en recherche d'emploi durant l'année de Covid-19

La recherche d'emploi est associée à de l'incertitude. Pour les jeunes diplômé-e-s encore davantage que pour les employé-e-s expérimenté-e-s, car il s'agit de trouver un premier job après avoir terminé sa formation. Durant l'année 2020, la situation était particulièrement difficile en raison de la pandémie de coronavirus. Dans le cadre de son enquête et des entretiens menés cette année auprès des apprenti-e-s concerné-e-s par cette situation, la Société des employés de commerce s'est penchée sur la façon dont s'est passée la recherche d'emploi dans ce contexte difficile.

Les derniers mois d'apprentissage constituent une période intensive pour les employé-e-s de commerce en devenir. La procédure de qualification approche et génère une certaine pression. A celle-ci s'ajoute la nécessité de planifier la période post-apprentissage. De nombreuses portes sont ouvertes à l'issue d'un apprentissage de commerce. On peut s'engager dans une formation continue. C'est l'option choisie par près d'un cinquième des personnes sondées. Mais la majorité d'entre elles recherchent un emploi, souvent avec succès. En novembre 2020, 64% d'entre elles étaient actives professionnellement et 4% effectuaient un stage. Certaines n'ont en revanche pas trouvé de travail: 9.1% des jeunes diplômé-e-s de la formation commerciale initiale l'an dernier étaient concerné-e-s par cette situation.

Les jeunes qui entrent sur le marché de l'emploi en période de récession en subissent les conséquences durant des années. Les premiers emplois peu attractifs et les lacunes de CV en sont les principales raisons. Au vu du rôle important que jouent les jeunes diplômé-e-s de la formation commerciale initiale pour l'économie suisse, ils doivent être soutenus, surtout en période de crise. Mais comment les jeunes diplômé-e-s ont-ils vécu en 2020 la recherche d'emploi et l'entrée sur le marché du travail qui lui est associée?

Les derniers mois de formation

Le début de l'année indiquait déjà qu'une situation inhabituelle prévaudrait au cours des mois à venir. Les apprenti-e-s se sont trouvé-e-s en télétravail du jour au lendemain. Le homeschooling est également devenu une réalité pour beaucoup d'entre eux. La transition ne s'est pas déroulée sans heurts partout. Dominic Tollardo, qui a terminé son apprentissage de commerce l'an dernier, évoque les problèmes qu'il a rencontrés dans ce nouvel environnement de travail. Il était beaucoup plus difficile pour lui de se concentrer en travaillant depuis chez lui, car les sources de distraction y étaient bien plus nombreuses qu'au bureau ou à l'école. Le manque d'infrastructures a par ailleurs rendu de nombreuses tâches plus difficiles. Des écrans d'ordinateur trop petits, une mauvaise connexion internet ou encore le manque de certains logiciels peuvent en effet rapidement entraver la pratique du télétravail. Le jeune homme confie néanmoins s'être senti bien préparé à la recherche d'emploi, ce qui lui a permis d'aborder le processus de recrutement dans un état d'esprit positif malgré le contexte difficile. Il avait un projet précis en tête et voulait chercher un emploi dans le domaine de l'informatique, car il est apparu clairement au cours de son apprentissage que c'était là qu'il avait le plus d'atouts à faire valoir.

Diplômée de la formation initiale elle aussi, Evelyne Kolb évoque à son tour la fin de son apprentissage qu'elle dit avoir traversé positivement. «Je me suis sentie bien préparée pour le marché du travail. Mon apprentissage dans une clinique de réadaptation, m'a fourni une excellente vision du métier d'employée de commerce. J'ai vraiment beaucoup appris durant ces trois ans», confie Evelyne Kolb, qui a décidé au cours de sa troisième année d'apprentissage de rattraper la maturité professionnelle après sa formation, afin de renforcer sa position sur le marché de l'emploi et de pouvoir commencer des études supérieures.

« Je me suis sentie bien préparée pour le marché du travail. Mon apprentissage dans une clinique de réadaptation, m'a fourni une excellente vision du métier d'employée de commerce. J'ai vraiment beaucoup appris durant ces trois ans. »
Evelyne Kolb

La recherche d'emploi

«L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt». Un peu plat à première vue, le proverbe s'applique pourtant particulièrement bien aux résultats observés par la Société des employés de commerce en matière de recherche d'emploi. Seul-e-s 4.3% des diplômé-e-s de la formation commerciale initiale qui ont commencé leurs recherches avant avril 2020 étaient encore sans travail au mois de novembre de la même année, alors que le chiffre est bien plus élevé auprès du total des personnes sondées (près d'un-e diplômé-e sur dix). Ces deux valeurs ont augmenté par rapport à 2019.

La situation sur le marché du travail était donc tendue l'été dernier pour les jeunes employé-e-s de commerce, ce que confirme le récit de Dominic Tollardo. Ses quelque 35 postulations auprès de différentes entreprises n'ont abouti à aucun entretien. «Il y a pour l'heure trop de candidat-e-s et trop peu de postes», regrette-t-il. Evelyne Kolb confie se faire du souci pour son avenir professionnel. Si sa formation continue repousse la recherche d'emploi, elle devra tout de même s'y confronter. Il faut trouver une solution d'engagement, ce à quoi elle n'est jamais parvenue en raison de son manque d'expérience. Peu de postes sont mis au concours et elle est concurrencée par des candidat-e-s nettement plus expérimenté-e-s et se retrouve pénalisée. Avant même les premières candidatures, elle s'est préparée à une recherche d'emploi difficile. Les récits de personnes de son entourage professionnel et de l'école professionnelle lui ont montré que la patience est de mise lorsque l'on cherche du travail durant cette année particulière.

Une grande capacité d'adaptation

Les discussions avec les deux jeunes diplômé-e-s montrent que ceux-ci ne se laissent pas désillusionner par ce contexte difficile. Ils sont tous deux convaincus que leur apprentissage de commerce leur fournit une bonne base pour accéder au marché de l'emploi. Evelyne Kolb garde ainsi son objectif de commencer des études. Elle évoque néanmoins la possibilité de faire un an de pause entre les deux formations pour acquérir un peu plus d'expérience professionnelle. Elle serait intéressée par un poste dans le domaine des assurances où elle dispose déjà d'une expérience. DominicTollardo poursuit aussi son chemin sans fléchir, dans l'objectif d'entrer dans le domaine informatique. Parallèlement à ses recherches d'emploi, il acquiert des connaissances dans divers langages de programmation et s'exerce à l'utilisation du système d'exploitation Linux. Avec ces nouvelles compétences associées à ses solides connaissances commerciales et à sa compréhension du fonctionnement économique, il est certain de pouvoir bientôt convaincre un employeur de son potentiel. Il s'est également déjà penché sur la question de la formation continue et voit dans des études en informatique de gestion une occasion de combiner ses connaissances et sa passion.

Pour les jeunes diplômé-e-s, intégrer le marché de l'emploi à l'issue de l'apprentissage constitue chaque année une étape importante. Certaines personnes trouvent une solution rapidement, notamment parce qu'elles peuvent rester travailler au sein de leur entreprise formatrice, ou parce qu'elles ont commencé suffisamment tôt à chercher du travail. D'autres rencontrent davantage de difficultés: elles ont été particulièrement nombreuses dans cette situation au cours de l'année écoulée. Les résultats de l'enquête et les entretiens avec les personnes concernées le montrent clairement. Il est donc crucial de faciliter l'intégration des jeunes sur le marché de l'emploi. L'objectif des mesures de soutien doit être élargi: les diplômé-e-s de l'année dernière ne sont pas les seul-e-s à avoir besoin de soutien. Les effets d'une crise économique pouvant durer plusieurs années, il est impératif que les jeunes qui sont en train de terminer ou de commencer un apprentissage, d'employé-e- de commerce par exemple, puissent également bénéficier de soutien. Il s'agit donc de mettre en place des conditions cadres permettant un développement positif du marché du travail pour les jeunes professionnel-le-s. Les personnes interrogé-e-s mentionnent régulièrement qu'elles se sentent abandonnées durant cette période économiquement éprouvante. Un soutien accru des décideurs-euses politiques est requis. Les employeurs sont aussi tenus d'engager et de soutenir les jeunes professionnel-le-s. Des mesures ciblées pourraient servir d'incitation et améliorer la situation des jeunes employé-e-s de commerce sur le marché du travail. Les entreprises bénéficient d'une pyramide des âges équilibrée, tout comme le marché du travail qui dépend des travailleurs-euses qualifié-e-s. Ce n'est qu'en intégrant le marché du travail que les jeunes diplômé-e-s seront en mesure de déployer leur expertise afin d'en faire bénéficier l'économie du pays.

Publié le: 11.03.2021

« Il y a pour l'heure trop de candidat-e-s et trop peu de postes. »
Dominic Tollardo

L'enquête auprès des diplômé-e-s de la formation commerciale initiale

La Société suisse des employés de commerce mène chaque année une enquête auprès des nouveaux diplômé-e-s de la formation commerciale initiale. Avec plus de 14'000 diplômé-e-s par an, celle-ci jouit d'une grande popularité et représente près d'un cinquième de toutes les formations professionnelles de base effectuées chaque année. L'enquête auprès des diplômé-e-s de la formation commerciale initiale se concentre toujours sur une thématique donnée. En 2019, elle s'est penchée plus particulièrement sur l'identité professionnelle et la tendance à la formation continue. Celle de 2020 s'est consacrée quant à elle aux conséquences de la pandémie de Covid-19. Les résultats seront publiés en avril 2021.

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