Le temps où les cours étaient dispensés par un professeur devant une classe d'élèves griffonnant leurs notes dans des cahiers est révolu. Ici, les apprentis sont assis par groupes de quatre et discutent tablette à la main du sujet du jour: les instruments financiers. Ils s'y sont préparés en effectuant un test en ligne et en rédigeant un travail de synthèse. La formatrice passe chez chacun afin de prodiguer ses conseils.

Chez CYP – Challenge Your Potential – les présentations en plenum sont réduites au minimum: un petit quart d'heure en début de matinée pour présenter le programme de la journée et replacer le sujet du jour dans le cursus global. Très vite, les apprentis partent travailler en petits groupes. On parle d'enseignement inversé, fondé sur la méthode par résolution de problèmes: «Nous leur soumettons des cas concrets, par exemple l'e-mail d'un client qui a entendu parler d'un fond equity sur de l'immobilier associé à tel ou tel chiffre et qui souhaite en savoir davantage», explique Léonard Ecuyer, responsable de CYP pour la Suisse romande.

De quoi s'agit-il? Que faut-il répondre? Sans introduction théorique préalable, les apprentis doivent se débrouiller avec la documentation dont ils disposent, chercher, discuter, parfois confronter les différentes pratiques de leurs employeurs respectifs pour trouver une solution. «Ils doivent être actifs, on sait que les informations sont mieux intégrées quand on a dû aller les chercher soi-même. En ce sens, le rôle des formateurs a évolué: ils sont moins là pour enseigner la matière que pour accompagner les apprentis dans leur processus d’apprentissage », ajoute Léonard Ecuyer.

Le fait de ne pas livrer de réponses toutes faites aux apprentis n'empêche toutefois pas les formateurs d'interrompre les travaux de groupe lorsqu'une intervention devant la classe s'avère nécessaire, par exemple pour attirer l'attention sur l'intérêt croissant d'une certaine clientèle pour les placements éthiques et durables ou pour lever des malentendus, comme ce jour-là autour de la notion de valeur refuge pour l'or. «Attention aux amalgames, il peut être très risqué de placer dans l'or: si vous en vendez à ma grand-mère, vous entendrez parler de moi!», prévient la formatrice Krystel Oliveira, sourire en coin. Plus tard, la formatrice prend le temps de questionner les apprentis sur leur manière de s'informer en insistant sur l'importance que ceci revêt pour leur activité professionnelle présente et future. Constat plutôt réjouissant: la plupart des jeunes sont au fait des médias spécialisés imprimés et en ligne qui concernent leur branche et les consultent déjà ponctuellement.

Former les jeunes aux compétences de demain

CYP a pour mission de former les apprentis aux compétences de demain, dans un secteur qui évolue très rapidement. Les compétences techniques perdent en importance; en revanche, les futurs banquiers devront être créatifs, savoir résoudre des problèmes, disposer d'excellentes compétences sociales et communicationnelles et, bien entendu, maîtriser les nouvelles technologies.

Depuis sa création, CYP s'est toujours efforcé de s'adapter aux besoins du monde du travail. «Alors qu'auparavant la matière était livrée de manière brute, nous avons développé nos enseignements il y a une quinzaine d'années pour développer les compétences méthodologiques et sociales des apprentis. A la fin de leur cursus, ils doivent être en mesure de conseiller la clientèle en matière financière. Au-delà de la connaissance des produits, cela implique de comprendre les besoins des clients et de savoir structurer un entretien correctement: nous les y préparons durant toute la formation. Depuis 6 ans ans sont venues s'ajouter les compétences digitales», explique encore Léonard Ecuyer.

Au début de leur formation, les apprentis se voient à cet effet offrir leur outil d'apprentissage: une tablette connectée à une plateforme où sont déposés les tests à effectuer en ligne ainsi que tout le matériel pédagogique. Le responsable souligne le fait que les tablettes ne servent pas uniquement à stocker le contenu des cours, elles sont un outil avec lequel les apprentis doivent apprendre à travailler: «Être né avec un smartphone dans la main et savoir s'en servir pour accéder aux réseaux sociaux, c'est une chose. Savoir travailler avec une tablette en est une autre et les apprentis ont souvent tout à apprendre en la matière. Nos cours comprennent donc des séquences durant lesquelles les jeunes apprennent à structurer leur travail, annoter leurs e-books, classer leurs documents et gérer leur calendrier. Ils apprennent très vite et leur usage de la tablette devient rapidement fluide», se réjouit le responsable.

CYP en bref

CYP existe depuis sa fondation en 2003 par les grandes banques suisses. Chaque année, près de 3000 apprentis suivent les cours interentreprises dispensés dans l'un de ses 12 centres. Durant ses trois ans d'apprentissage, chaque apprenti y suit 30 modules. Chaque module implique de se préparer de manière indépendante et comporte un test en ligne. C'est sur cette base que repose ensuite le cours présentiel. Le travail préparatoire comme les cours présentiels font appel à des cas pratiques. Les apprentis doivent encore fournir du travail à l'issue du cours présentiel. Un examen final clôture la formation.

CYP propose chaque année des cours à quelques 600 maturants qui souhaitent intégrer le domaine bancaire ainsi que diverses formations continues destinées à des enseignants, des formateurs pratiques ainsi que d'autres personnes intéressées à acquérir des compétences dans le domaine de l'apprentissage et de l'enseignement digital. Le certificat intitulé Skills 4.0 s'adresse à des personnes qui souhaitent se préparer à un changement de carrière.

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